top of page

JO 2022 à Pékin : pourquoi font-ils polémiques ?

A quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques à Pékin, l’événement suscite de nombreuses contestations. Que ce soit en raison du contexte sanitaire, écologique ou géopolitique, les jeux de Pékin divisent à l’international.

Les JO de Pékin suscitent la colère des populations à l’échelle internationale. (Crédit : Frédéric J.Brown / AFP)



Du 4 au 20 février, les Jeux Olympiques d’hiver 2022 se dérouleront à Pékin, malgré un contexte assez tendu. C’est une grande première pour la Chine qui accueille ces tous premiers JO. Plus de 3000 athlètes et membres des délégations du monde entier seront présents à Pékin et dans les sites prévus pour l’occasion. Mais depuis plusieurs semaines, beaucoup de critiques ont émergé face à cet événement. Plusieurs questions sur la situation sanitaire, la question des droits de l’Homme ou encore l’écologie sont au cœur des polémiques.


  • Le contexte sanitaire difficile

La Chine organise ces Jeux Olympiques d’hiver dans un contexte qui reste compliqué au niveau sanitaire. Malgré que ce soit en Chine que le coronavirus a été détecté pour la première fois à la fin de l’année 2019, les autorités chinoises se sont vantées d’avoir réussi à contrôler l’épidémie au printemps 2020. Sauf qu’avec la venue de milliers d’étrangers, il va être difficile d’éviter une reprise épidémique. Des mesures plus contraignantes que les JO d’été à Tokyo ont donc été adoptées : une bulle sanitaire doit isoler hermétiquement les participants du reste de la population. Jusqu’à maintenant, les mesures sont efficaces. Malgré des dizaines de cas positifs enregistrés parmi les participants, il n’y a pas de foyer dans la bulle.


Cependant, en dehors de la bulle, la ville de Pékin fait face à un regain épidémique depuis quelques jours, notamment dû par l'apparition du variant Omicron. Le gouvernement chinois a donc décidé d'aller plus loin pour éviter les contacts entre la population locale et les étrangers. Pour assister aux épreuves, la population chinoise sera le seul autorisé et sur invitation.


  • Un désastre écologique

La Chine accueille les JO mais elle va devoir assumer l’impact écologique que cela engendre. N’étant pas un pays à ski, elle est obligée de créer de nombreuses infrastructures, ainsi qu’une ligne de train à grande vitesse pour relier les différents sites olympiques. Le gouvernement chinois a même annoncé qu’il aurait recours à de la neige artificielle. Dès 2019, la Chine avait prévenu qu’elle aurait certainement besoin de 185 millions de litres d’eau afin de recouvrir l’ensemble des pistes pour les différentes épreuves.


“Cela ne doit pas être que des pays qui se mettent à débourser des millions et des milliards pour organiser des Jeux Olympiques mais avec des sites qui ne sont plus utilisés par la suite”, déclarait le biathlète français, Quentin Fillon-Maillet. La crainte, par la suite, c’est de voir les sites olympiques laissés à l’abandon ou peu utilisés puisque la population chinoise manque d’intérêt pour les sports d’hiver. Par conséquent, la volonté de réduire le bilan carbone avec une électricité produite uniquement grâce à des énergies renouvelables sera un échec total.


  • Le problème financier

Le choix de faire les Jeux Olympiques à Pékin a suscité de nombreuses critiques à l’égard du Comité International Olympique (CIO). Il est suspecté d’avoir placé le plan financier en priorité. Justement, peu de pays ont accepté de prendre à leur frais l’organisation des JO d’hiver 2022, seule la capitale chinoise et Almaty au Kazakhstan étaient candidates. Le biathlète français Quentin Fillon-Maillet a déclaré qu’il “regrettait que le business prenne un peu le dessus sur l’âme de l’olympiade”. Avant d’ajouter : “On nous fait la promotion du partage, de l’équité, du respect et de tout ça pour finalement aller sur des sites qui ne sont pas forcément porteurs des vraies valeurs de l’olympisme. Il y a certaines histoires de gros sous”. Les Jeux Olympiques de Pékin devraient revenir à plus de 2 milliards d’euros.


  • Un pays sans la culture du ski

Sur le plan sportif, le choix de Pékin pour ces JO d’hiver a également suscité beaucoup de critiques. La Chine n’est pas connue pour être un pays qui s’intéresse particulièrement aux sports d’hiver. Depuis leur première participation en 1980, les athlètes chinois ont remporté 62 médailles, dont 13 en or, ce qui est bien loin des résultats obtenus lors des JO d’été avec 634 médailles, dont 262 en or.


Du côté des athlètes, plusieurs ont partagé leur inquiétude à l’idée de participer à un rendez-vous sans le soutien populaire. Même si les restrictions sanitaires empêcheront le public d’assister aux épreuves, rien ne garantit que les stades pleins soient signe de belle ambiance : la faute à un manque de culture de ski dans le pays. Clément Noël, skieur, déclarait “ne pas comprendre la décision du CIO. Ce n’est pas en Chine qu'il y a la plus grosse culture du sport d’hiver. C’est en Europe voire aux Etats-Unis et au Canada. En Chine, cela risque de manquer de passion et d’engouement pour ce qui nous concerne sur les épreuves de ski alpin, et ça c’est un point vraiment négatif”.


  • Le boycott diplomatique

Plusieurs pays ont décidé de ne pas envoyer de représentants officiels lors des Jeux Olympiques de Pékin. Et donc, plutôt que de priver les sportifs des épreuves pour lesquelles ils se sont entraînés, certaines nations ont opté pour un boycott diplomatique des JO d’hiver dans la capitale chinoise.


C’est le cas des Etats-Unis, de l’Australie, de la Grande Bretagne, du Canada, ou encore du Japon qui ont décidé de montrer publiquement leur défiance à propos du régime chinois. Pour justifier son choix, Joe Biden, la diplomatie américaine et les autres pays ont évoqué plusieurs causes. Le régime chinois est ainsi accusé de violer les droits de la minorité des Ouïghours au Xinjiang et de menacer l’intégrité du territoire de Taiwan.


D’une manière plus générale, le non-respect des droits de l’Homme de Chine pose problème à de nombreux pays. Pour la France, Jean-Michel Blanquer a justifié le choix de ne pas rejoindre le boycott diplomatique aux JO de Pékin.


“La France est sans ambiguïté : nous avons condamné les discriminations et les persécutions sur les minorités, comme sur les Ouïghours. Mais le sujet du boycott diplomatique est une autre histoire : la France ne le fera pas. Nous devons être attentifs au rapport entre le sport et la politique. Le sport doit être préservé au maximum des interférences avec la politique. Sinon, on finira par tuer l'ensemble des compétitions", a commenté le Ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports lors de son passage sur BFMTV le 9 décembre.

Mathilde ALBERT


29 vues0 commentaire
bottom of page